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Mon premier instinct ça aurait été de me dire : “Il faut que je rentre dans un moule pour lequel je n’ai pas les ingrédients.” Et en fait, je pense que ça n’aurait pas fonctionné.

Combattre le sentiment d’illégitimité

Céline Camara

Comédienne professionnelle et formatrice en improvisation théâtrale depuis 2018

Apprivoiser sa diffécence

Pour se différencier, il faut savoir qu’est-ce qui fait qu’on est singulier. Et de fait, on est tous singuliers ! Moi, j’ai un parcours qui n’est pas celui de la comédienne qui va être à côté de moi. Je suis arrivé en connaissant très peu, voire rien, en connaissant pratiquement personne.
La première chose que je me suis dit, ça a mis du temps bien sûr, mais on se dit : “Je ne suis pas légitime, mais en même temps, c’est étrange, parce que je suis quand même là et j’ai décidé de venir.” Mais au bout d’un moment, je me suis dit : “En fait, faut assumer qui je suis ! Voilà, j’arrive, je débarque, je connais pas grand chose… Mais j’ai eu une vie avant. J’ai été juriste, j’ai été enseignante, j’ai fait plein de choses qui font que je suis qui je suis aujourd’hui et j’ai aussi mes origines, j’ai mes expériences et donc… Ça, personne d’autre ne les a !” Donc il faut assumer d’être qui on est, je pense, même si ce n’est pas facile… Mais en tout cas, pour moi, d’assumer que je viens d’un autre monde, ça a été une des premières clés, quoi. En fait, moi, mon premier instinct ça aurait été de me dire : “Il faut que je rentre dans un moule pour lequel je n’ai pas les ingrédients.” Et en fait, je pense que ça n’aurait pas fonctionné.

Faire avec le syndrome de l’imposteur

J’ai ce syndrome de l’imposteur et en même temps, j’ai un côté très, j’ai du mal à demander de l’aide ou à demander des conseils. J’ai toujours l’impression de déranger ou d’être à côté de la plaque etc. Le mélange des deux n’est pas royal ! Mais du coup, j’apprends, j’essaye de travailler là-dessus. C’est-à-dire que j’essaye d’être le plus sincère possible et honnête déjà avec moi-même et d’essayer de poser des questions en fait. C’est un vrai travail, un vrai travail que je dois faire sur moi un petit peu en permanence. Mais bon, c’est excitant aussi parce, de toute façon, c’est aussi… Et là, c’est intéressant, parce que ça me renvoie fort à ce changement de vie d’un point de vue personnel. Je me souviens que c’est mon copain qui me disait : “Assure-toi surtout que ce ne soit pas une fuite en avant quand même, cet arrêt de thèse. Parce que on peut s’imaginer que hop ! on va changer de carrière et du coup, on va être quelqu’un de différent et que tout à coup, on va être plein de confiance et qu’on ne sera plus dans la procrastination… Et donc ça, je trouve ça assez intéressant parce que ça me renvoie… Le syndrome de l’imposteur c’est quelque chose qui est fort ancré en moi, dans ma personne, dans aussi mon expérience de vie. Et donc, c’est intéressant de me retrouver à essayer de me confronter à ça pour quelque chose qui me passionne et qui m’épanouit quoi ! Tout à coup, c’est aussi très concret et ça me donne de la force ! Et bon voilà… J’en ai pas fini, peut-être que je l’aurai toute ma vie. Mais voilà, je crois que j’avance petit à petit.

Conseils pour franchir le cap
Prendre son temps. Prendre son temps, parce que déjà penser à cette démarche, c’est déjà formidable, mais formidable aussi dans le sens littéral du terme. Donc c’est quelque chose qui fait peur. Et donc il ne faut pas s’imaginer ou se dire qu’il faut se précipiter parce que sinon, ça risque d’être douloureux. Donc, comme c’est quelque chose de potentiellement d’inconnu, prendre son temps pour rencontrer des gens, peut-être des domaines pour lesquels on a un intérêt, faire des recherches, c’est tout con ce que je dis, mais voilà, c’est vraiment prendre son temps aussi parce qu’on peut peut-être idéaliser quelque chose et pas du tout savoir c’est. Donc ça peut être aussi peut-être de faire un stage d’une semaine ou d’un week-end ou quelque chose… Mais le plus gros conseil, c’est en tout cas de ne pas avoir peur de demander conseil et de se faire aider. Et puis aussi de ne rien fermer, de se dire : “On a peut-être cette envie de créativité, mais on ne sait pas encore quelle forme ça va prendre… Et c’est bien en fait qu’on ne sache pas, parce que le projet va peut-être se préciser à un moment, mais il va encore se rouvrir… Et je crois qu’il faut rester vraiment flexible pour se laisser toucher par quelque chose qui va vraiment résonner en nous dans ce qu’on a envie de faire. Aussi, autre chose d’important ici quand même je trouve à Luxembourg, après, je n’ai pas fait de reconversion dans un autre pays, mais on a plein d’outils… Il y a nyuko. Il y a plein de structures qui peuvent être là pour nous aider, nous accompagner.