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Il ne faut pas avoir de remords, donc il faut vraiment se dire « bon, ok, j’ai peut-être pas toutes les chances de mon côté, mais je peux peut-être m’y lancer et avoir le courage de le faire surtout. »

 

Du cyclisme italien à la métallurgie luxembourgeoise : itinéraire d’une entrepreneuse

Marie-Christine Mariani, fondatrice et gérante de MCM STEEL depuis 1998

 

Pourquoi passer de salariée à entrepreneuse ?

Quand j’ai travaillé dans le cyclisme, c’était une petite famille avec plein de choses intéressantes à découvrir. Je m’occupais de tout ce qui était, on va dire, « public relations ». Donc, pendant presqu’un an et demi, je suis rentrée en contact avec de très gros entrepreneurs et ça m’a quand même fascinée. Surtout parce qu’ils avaient créé, bâti, ils avaient vraiment fait des choses incroyables. Et il faut dire aussi que j’avais l’exemple de mon papa, parce qu’il avait quand même aussi constitué des sociétés qu’après il avait revendues. J’ai vraiment essayé de me lancer en trouvant déjà le métier qui ferait pour moi, et surtout la niche que je voulais développer. Donc, si je n’avais pas fait le travail d’avant du cyclisme, je ne serais peut-être pas là aujourd’hui parce que ça m’a appris vraiment beaucoup de choses. Ça m’a appris la force du travail, la force du renoncement.

 

Le courage de se lancer

Il faut avoir le courage de le faire parce que c’est la première étape, c’est le premier pas de l’escalier, déjà, parce que ce n’est pas facile, on va trouver pas mal de barrières, mais ce qui est bien, c’est qu’on va pouvoir sauter toutes ces barrières. Et quand on est, on va dire, on commence à monter l’escalier et qu’à chaque fois, on a passé une étape, ça nous rend quand même plus fortes et plus forts, et ça nous permet de dire « tiens, j’ai réussi ça, je vais me concentrer là-dessus. » Et finalement, je pense que, comme je disais avant, il ne faut pas avoir de remords, donc il faut vraiment se dire « bon, ok, j’ai peut-être pas toutes les chances de mon côté, mais je peux peut-être m’y lancer et avoir le courage de le faire surtout. »

 

Pourquoi le Luxembourg ?

Au moment où j’ai décidé quelle niche est-ce que je voulais faire dans l’acier, je me suis dit « quels seraient mes fournisseurs ? ». Et finalement, les grandes forges en Europe se trouvent en Hollande, en France, il y avait aussi l’Arbed à l’époque ici au Luxembourg, et donc, en regardant sur la carte géographique et en faisant un petit tour avec le compas, je me suis aperçue qu’au Luxembourg, dans un rayon de 400 km, j’avais mes plus gros fournisseurs. Et d’un autre côté, ça me permettait de pouvoir utiliser une langue que je connaissais : le français. Tout au début, quand je suis arrivée ici, c’était très, très cosmopolite et c’était un pays très jeune qui permettait vraiment, et encore aujourd’hui, de s’établir sans gros problème. Donc, ça m’a permis aussi, vu que j’avais un certain contact avec l’Arbed de l’époque, de pouvoir créer ma société ici. Et aussi point de vue administratif, ce n’était quand même pas trop compliqué. Il fallait démontrer que l’on avait une capacité pour pouvoir faire ce métier et des études qui allaient avec. Et donc, c’était le lieu idéal.

 

Comment transitionner ?

Au début, j’ai gardé un petit peu le pied dans deux chaussures, c’est-à-dire que d’un côté, j’étais freelance pour certaines… comme la société du Tour de France pour lesquelles je leur donnais encore un petit peu de conseil ou j’intervenais sur certaines courses. Et de l’autre côté, j’avais ma société qui était toute nouvelle. J’apprenais aussi et je savais qu’au début je ne pouvais pas vivre totalement que de ça. J’étais vraiment toute seule, donc, je m’occupais de tout. Et en gardant le pied dans deux chaussures, ça m’a permis aussi de pouvoir inviter certains fournisseurs et clients voir le cyclisme et parler d’affaires. Je me rappelle que la première année, quand j’ai été chez le comptable et que je lui ai dit mon salaire, il m’a dit « mais vous êtes en-dessous du salaire minimum ». Ce qui, pour moi, me semblait déjà énorme parce qu’en Italie, les salaires, c’était pas comme ici.