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Tu vois, je serais partie, je me serais dit, je vais développer cette app, c’est formidable ! Je l’aurais pas confrontée au marché… J’aurais été hyper frustrée !

 

Itinéraire d’une entrepreneuse : 6 idées et autant d’apprentissages

 

Solenne Niedercorn-Desouches

Non-Executive Director and Senior Advisor in FinTech/VC, host podcast

 

L’intrapreneuriat en tant que salariée

J’ai toujours été dans des équipes jeunes qui étaient en train de mettre en place pas mal de choses : des nouveaux services, des nouveaux produits, des nouvelles entités, etc. Et donc finalement, même si j’étais dans des grands groupes, parce que j’ai travaillé dans des grands groupes au début de ma carrière, j’ai toujours mis en place une nouvelle offre, un nouveau type de client à développer… Le deuxième job que j’ai eu au Luxembourg, j’ai été l’employée “un” pendant quatre mois, donc pendant quatre mois, j’étais toute seule et je faisais vraiment de tout ! Du réglementaire, du juridique, des services généraux…

Première entreprise

J’ai créé une société en 2015, juste après la naissance de ma quatrième fille. Et l’idée c’était de mettre en place un outil qui permette de réserver des rendez-vous chez le médecin, parce qu’à l’époque, il n’y avait pas… Enfin, Doctena commençait, mais voilà, il n’y avait pas tout ce qu’on connaît comme plateformes aujourd’hui pour réserver, “booker” des rendez-vous avec les médecins. Et donc, ça a commencé comme ça. Donc, création de la société. Et puis pendant un an, donc, j’ai itéré sur ce produit-là, j’ai testé plein de choses. Enfin, je dis “je”… Parce qu’en fait on était à deux avec mon mari, lui c’était la partie CTO et moi plus la partie CEO pour développer cet outil qui finalement a vu le jour. Et puis voilà, ça a permis de tester les besoins de marché. En définitive, il n’y a pas eu de validation du produit avec “market fit”, et c’est là que j’ai rencontré nyuko qui accompagnait des entrepreneurs pour créer des start-ups.

Changement d’état d’esprit

En fait, ça a été formidable parce que ça a été l’occasion pour moi de “shifter” vraiment de mon état d’esprit de banquier à celui de d’entrepreneur de start-up. Et ça a été un petit peu, quelque part, le voile qui se déchire parce que je me suis rendu compte qu’il y avait énormément de sujets que je ne connaissais pas. Je sais pas… Le “growth hacking”, l'”inbound marketing”, le “SEO”, toutes ces terminologies, tout ça. Je connaissais pas du tout. Et donc nyuko m’a permis, si tu veux, d’apprendre un certain nombre de choses.

Test d’idée

Quand je suis arrivée chez nyuko, j’avais pitché un projet, une app qui permet de réserver des douches quand tu faisais du running. Parce que je cours beaucoup ! Et c’est vrai que tu n’as pas toujours des douches chez ton employeur. L’idée, c’était de passer des partenariats avec des clubs de sport en tant qu’apporteur d’affaires du coup, pour bénéficier des douches des clubs de sport. En fait, on te parle à chaque fois au départ, si vraiment tu veux valider ton besoin marché, de faire des interviews auprès de tes clients. Donc j’avais fait toute cette phase d’interviews. Enfin, j’ai rencontré plein d’acteurs, des “runneurs”, des salles de sport, etc. Bon, finalement, je me suis rendu compte qu’il y avait pas vraiment de besoin marché. Donc tu vois, je serais partie et je me serais dit, je vais développer cette app, c’est formidable ! Je l’aurais pas confrontée au marché, j’aurais été hyper frustrée, alors que là ça m’a évité de développer quelque chose… J’avais fait un petit POC, mais c’était vraiment très très basique. Mais ça m’a permis de tester.

Itérations successives

Puis, ensuite, je suis partie sur le développement d’une app pour trouver des “buddies” quand tu cours ou, ensuite quand tu veux jouer au tennis, et que tu cherches, t’as pas forcément quelqu’un dans ton entourage qui joue aussi au tennis ou à ton niveau. Donc voilà, j’ai à nouveau fait tous ces entretiens, mais j’ai passé des centaines d’heures à passer des interviews avec plein de gens que je connaissais pas pour finalement ne pas le lancer.

Deuxième entreprise

Finalement, après, là je te parle peut-être de 6 à 9 mois, j’ai… Ben voilà, il y avait un besoin évident pour l’achat et la vente d’objets de seconde main au Luxembourg. Donc j’ai lancé “My braderie” qui était un site qui permettait de faire des annonces un peu comme Craigslist aux Etats-Unis. Et donc, ça s’est lancé et donc je me suis dit que j’allais développer ce produit-là mais je me rendais compte quand même, parce que ça décollait pas des masses, qu’il me manquait, encore une fois, plein de clés de compréhension, si tu veux. Par exemple, les développements que je faisais faire aux développeurs en Inde, parce que j’étais passée par un développeur en Inde, c’était pas ce n’était pas folichon. Donc en fait, je me suis dit le meilleur moyen de comprendre comment ça fonctionne, c’est de travailler dans une start-up.

Retour au salariat

J’ai été recrutée comme employée “un”, à nouveau, dans une start-up qui était en train de créer un produit, à nouveau “from scratch” hein tu vois… Une nouvelle entité créée, personne encore sur le sujet, si ce n’est le CEO. Et puis voilà, en tant que product manager pour développer ce produit-là. Et là, à nouveau, je retourne un petit peu sur terre et je me rends compte à nouveau qu’il y a quand même beaucoup, beaucoup de choses à comprendre quand tu crées un produit tech, vraiment, pas un POC ou un MVP, mais vraiment quelque chose qui a vocation à être développé pour un client dans les 6 à 12 mois. J’ai travaillé dans cette start-up pendant deux ans et là, ça a été très formateur pour moi parce que j’ai appris à, je ne sais pas, faire des requêtes auprès des développeurs. J’ai appris comment fonctionnait le produit. J’ai appris vraiment, je pense, le truc de base que tu dois avoir quand tu crées une boîte dans la tech. Mais, en même temps, je pouvais apporter toute ma compétence réglementaire que j’avais de par toute l’expertise que j’avais développée quand je travaillais dans la banque et donc ça a été un super bon match.

Vers l’indépendance

Quand j’ai quitté, après deux ans, je me suis bien rendu compte que, voilà, j’avais vraiment gagné en compétences sur la partie tech, produit, marché, etc., écosystème… Et que j’avais réussi à inscrire ça dans tout mon projet professionnel en général. Et c’est là que je me suis dit, bon maintenant qu’est-ce que je fais ? J’ai encore jamais testé être indépendante, pourquoi je testerais pas ? Et donc, me voilà repartie à nouveau avec zéro client, plus de société, ce que j’avais liquidé entre-temps ma société. Et puis, une feuille de route blanche. Qu’est-ce que je fais ? Donc là, j’avais différentes opportunités et je me suis dit finalement, là où ça aurait une réelle valeur ajoutée que j’accompagne des clients, c’est vraiment sur la capacité de développer un produit tech dans un environnement réglementaire complexe. Et donc, depuis trois ans c’est ce que je fais : c’est-à-dire que j’accompagne des start-ups ou des scale-ups qui débutent sur un marché, qui connaissent pas l’environnement réglementaire européen, et une très bonne connaissance des écosystèmes, d’accord ? Donc de la manière dont tu construis des produits tech dans ces écosystèmes-là.

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