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Entreprendre au féminin

Avant toute chose, cet article n’a pas pour objet de volontairement séparer les entrepreneurs femmes et hommes, l’entrepreneuriat n’a pas à être genré ! Néanmoins, les femmes restent moins nombreuses à entreprendre alors qu’il est maintenant reconnu, à un niveau européen, que leur créativité et potentiel entrepreneurial sont une source sous-exploitée de croissance économique. Ainsi, le but de ce papier est de faire un bref tour d’horizon des challenges rencontrés par les femmes spécifiquement ainsi que des réseaux et aides qui leurs sont dédiés afin de, on l’espère, encourager les femmes à passer le cap !

Le contexte et les chiffres clés

Selon les données de l’Union Européenne à disposition, les femmes représentent 52% de la population de l’UE et seulement un tiers des entrepreneurs. Au Luxembourg, malgré une volonté de mieux faire, le constat est similaire : seulement 39% des entrepreneurs seraient des femmes. Cependant, observation positive, la proportion d’entrepreneurs femmes n’a fait qu’augmenter au cours de ces dernières années. De plus, au Luxembourg, 38% des femmes entrepreneurs occupent ce rôle à temps partiel (30% au niveau européen), tendance nettement moins forte chez les hommes entrepreneurs, 12% (même chose au niveau européen). Ce dernier constat devrait d’ailleurs contribuer à la remise en question de l’entrepreneuriat traditionnel et au développement du concept de l’ « entreprendre autrement ». Finalement, certaines recherches ont permis d’établir un profil sociologique homogène des cheffes d'entreprise aujourd’hui. Pour la plupart, l'envie d'entreprendre s'est exprimée suite à une précarité professionnelle, après une succession de CDD ou un licenciement économique par exemple. Pour certaines, créer sa propre entreprise représente ainsi une voie nouvelle vers la liberté.

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Les défis

Alors, pourquoi les femmes sont-elles moins nombreuses à créer et gérer une entreprise ? D’un point de vue extérieur on se résumerait à dire qu’il s’agit d’une résultante de facteurs culturels et économiques. Des sondages récents ont permis de mettre l’accent sur les difficultés suivantes :

la peur de l’échec : à compétences égales, les hommes et les femmes ont un sentiment différent par rapport à leur aptitude à devenir entrepreneur et à la peur d’échouer. Or, il apparaît que les femmes connaissent moins l’échec une fois lancées (les raisons en seraient des stratégies plus conservatrices et une acceptation de profits proportionnellement moins élevés).

l’accès au financement : le manque d’expérience ou de ressources et l’absence de garanties ou de fonds propres (généralement, les femmes disposent d'un capital de départ plus faible pour démarrer une activité) sont autant de freins au financement. La situation familiale (célibataire, divorcée ou demandeuse d’emploi) peut encore accentuer le problème. En effet, d’un côté, les dossiers de financement semblent mieux préparés, mais, d’un autre côté, cela pourrait jouer en leur défaveur par le manque d’assurance qu’elles peuvent dégager de cet excès de précautions. De manière générale, les femmes manqueraient donc de crédibilité vis-à-vis de la collecte de fonds. Elles sont aussi à la tête de sociétés plus petites, qui génèrent un chiffre d'affaires moins important.

l’accès à l’information : l’accès à une information centralisée sur les différentes possibilités de financement semble faire défaut. De mêmes, certaines femmes se sont plaintes quant aux démarches administratives trop longues et difficiles à comprendre ou encore quant à la mauvaise coordination des procédures entre les acteurs de la création d’entreprise.

la formation : 75% des femmes souhaiteraient mieux se former dans certains domaines (financier, juridique, commercial et RH) avant de se lancer. En effet, la gestion de cette nouvelle fonction d’entrepreneuse occasionne une organisation et un mode de pensée différents de ceux qu’elles ont souvent connus dans le salariat.

l’accès aux réseaux professionnels et l’absence de modèles : réseauter demande du temps que, souvent, les femmes ne prennent pas. Or, il est démontré que participer à des réseaux efficaces est signalé comme un atout non négligeable, surtout lorsque les futures entrepreneuses peuvent être inspirées par d’autres femmes qui se sont lancées et qui ont réussi. De plus, le soutien moral de l’entourage, notamment familial, est souvent considéré comme une condition sine qua non à la réussite d’une création d’entreprise. Par contre, cela n’est pas forcément chose aisée, dû à une culture entrepreneuriale luxembourgeoise encore jugée assez faible.

la conciliation entre les contraintes professionnelles et familiales : la difficulté à construire une activité sans négliger la vie de famille1 constitue un autre frein notable à l'ambition. Les enquêtes menées sur le sujet abondent d'ailleurs dans ce sens. A ce jour, la plupart des femmes qui créent leur entreprise n'ont plus d'enfant à charge, ou déclarent ne pas envisager d'en avoir.

Les aides existantes

 En Europe

 La Commission agit activement pour supporter l’entrepreneuriat (au féminin) via notamment le Small Business Act2 et l’Entrepreneurship 2020 Action Plan3. Plus spécifiquement, la Commission essaye d’encourager la création de liens, de réseaux entre les femmes qui entreprennent, les candidates à l’entrepreneuriat ainsi que les organisations de soutien. Au niveau communautaire plusieurs aides et réseaux existent :

► WEgate4, la nouvelle plateforme « one-stop shop » européenne pour l’entrepreneuriat au féminin ;

► EU Prize for Women Innovators5, les candidatures pour 2020 sont ouvertes ;

Divers réseaux tels que The European Community of Women Business Angels and women entrepreneurs, The European network to promote women's entrepreneurship (WES), The European network of female entrepreneurship ambassadors, The European Network of Mentors for Women Entrepreneurs.

Plus localement

De nombreuses initiatives en faveur des entrepreneuses sont à recenser au Grand-duché, notez notamment les acteurs actifs suivants :

► FFCEL6 - Fédération des Femmes Cheffes d’Entreprise du Luxembourg, acteur majeur qui accompagne leurs besoins sur un plan politique, économique et social. Parmi ses autres missions, elle aide les femmes à étendre leur réseau et organise régulièrement des réunions de sensibilisation.

► EQUILIBRE7 – groupe de réflexion et d’action dédié à atteindre la complémentarité des genres dans un contexte socio-économique. Leur site regorge de ressources et de rapports très pertinents notamment sur l’entrepreneuriat (au féminin).

► WIDE8 - Women in Digital Empowerment, une a.s.b.l. qui a pour mission de permettre à plus de femmes d'accéder aux opportunités créées par le numérique et de donner plus de visibilité à celles qui y travaillent. WIDE propose différents programmes (Coding workshops, Startup Leadership program, Girls in Digital, etc.)

Dans le même domaine, on peut également citer Geek Girls Carrots9.

Les Premières10 – il s’agit d’un incubateur qui fait partie du premier réseau d’incubateurs dédié aux femmes entrepreneurs et équipes mixtes innovantes.

Féminin Pluriel Luxembourg11 – club, rassemblant des femmes influentes, faisant partie du réseau international Féminin Pluriel, qui organise localement des rencontres et événements favorisant le réseautage, entre autres.

The NETWORK12 – premier réseau anglophone dédié aux femmes actives, professionnelles du pays.

► Hub Dot Luxembourg13 – initiative qui a pour but de disrupter la manière dont les femmes réseautent, quel que soit leur statut. Chaque point (« dot ») a une couleur et un message bien précis. Par exemple, si vous souhaitez partager vos idées, optez pour le jaune « I have an idea, can anyone help ? ».

Le concours Business Woman of the Year14 récompense depuis 2006 les femmes à la tête d'entreprises performantes.

En termes de médias dédiés, à côté des déjà célèbres Femmes Magazine15, Janette16, Luxembourg Féminin17, vous pourrez aussi chercher de l’inspiration du côté de LUX WMN Magazine18, le premier magazine qui s’adresse aux femmes qui veulent « parler business ».

Pour finir, en plus de tout ce qui précède, nous vous invitons à noter dans votre agenda la date à laquelle se déroulera le premier salon de la reconversion professionnelles des femmes à Luxembourg, le salon Profession’L19.

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Alors Mesdames, faites-vous confiance, entourez-vous des bonnes personnes, organisez-vous et lancez-vous ! Sachez que les pouvoirs publics entendent poursuivre leurs efforts communs afin de créer un environnement favorable au développement de l’entrepreneuriat au féminin et de, in fine, faire basculer la tendance.

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