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Lancer un produit éthique de zéro

Ahoua Eve Bakayoko, fondatrice de MissBak depuis 2019

Quelles valeurs porter ?

D’abord, la transparence. Parce que, en m’apercevant de ce qu’il y avait derrière les produits qu’on se mettait sur la peau, je me suis rendu compte qu’on nous mentait beaucoup. Donc, il y avait une face cachée des produits cosmétiques qui est très peu connue des gens. Donc, la transparence, avant tout. Le respect du travail des autres, la valeur du travail aussi. Donc d’où le côté social et solidaire. Et puis, la qualité. Donc des produits naturels, simples et de qualité.

Premières étapes

Sur un blog, je suis tombée sur un article qui parlait de la House of Entrepreneurship. Je me suis dit : “Ah, c’est peut-être pas une coïncidence ! Donc je suis dans ma réflexion de reconversion professionnelle…. Donc le premier endroit où je me suis rendue, c’était ici. Et puis, en participant à différents ateliers, j’ai eu différents contacts, différents organismes vers lesquels je pourrais me tourner. Et pour aboutir à mon projet, j’ai fait des recherches personnelles, je me suis formée. Je me suis rendu compte que pour se lancer dans la cosmétique – bon avec le temps hein… – il fallait pas aussi être un chimiste ou quoi que ce soit. Donc ça a été complètement démystifié. Après, on peut pas faire n’importe quoi aussi ! Donc je me suis formée. Je me forme toujours.

Démarcher les coopératives

Pour les coopératives avec lesquelles je travaille en Côte d’Ivoire, je me suis rendue sur place. Donc ça a pris du temps hein ! Ça s’est pas fait du jour au lendemain… Donc j’ai d’abord, en étant ici, fait des recherches sur les organismes qui pouvaient exister sur place. Après, géographiquement parlant, c’est le village de mes grands-parents. Donc géographiquement parlant, ça ce n’était pas un problème ! Maintenant, après… “Qui contacter ? Vers où aller ?” J’ai pris quelques renseignements et puis je me suis rendue sur le terrain plusieurs fois. Je me suis rendue d’abord à l’Agence de développement rural. Et puis là, j’ai identifié concrètement un groupement de coopératives qui était plus ou moins avancés, plus ou moins bien organisés, avec qui je pourrais commencer à travailler. Donc, ce n’était pas difficile de les convaincre. Donc, sachant qu’elles ne sont pas non plus ignorantes, il y a plein de gens qui viennent les voir, qui leur font des promesses et qui ne reviennent pas. Donc, comme moi, j’étais un peu la fille du coin, c’était pas difficile, donc le contact s’est fait très facilement. Et puis j’ai, je tenais mes promesses, je revenais… Donc il y a une confiance qui a commencé à s’installer.

L’étape la plus difficile

L’étape la plus difficile, on va dire ça va être le financement. On ne va pas se mentir. Pour le financement, ça a été le plus difficile avec pas mal d’imprévus. Donc on fait des calculs, on prévoit des choses et puis tout ne se passe pas comme on veut, mais c’est toujours le cas d’ailleurs… Après, avec du recul, avec tout ce qui s’est passé depuis la pandémie, je me dis que finalement, c’est une bonne chose de ne pas avoir eu d’emprunt, en fait ! Donc finalement, c’était pas si mal, en fait. Et puis, on apprend à mieux gérer les imprévus.

Se faire connaître

Au Luxembourg, c’est un petit pays, donc le réseautage, c’est super important ici ! On se fait connaître en allant vers les gens, mais je crois que ça, c’est valable partout je dirais. Donc pour être vu, il faut se faire voir. Il y a évidemment le digital qui est là, mais tout le monde n’est pas sur Internet. Donc il ne faut pas non plus négliger tout ce qui est communication classique comme les médias, les événements…
Bon, il y en a beaucoup moins depuis un moment, mais ça, moi, ça m’a énormément aidée.

Le meilleur moyen de convertir

Ce qui marche le mieux, en général, c’est la sincérité. En tout cas, en ce qui me concerne, donc la sincérité et l’authenticité. Donc, il y a plein de gens qui font de la cosmétique, qui font de la cosmétique naturelle. Mais on se différencie bien évidemment par sa valeur, par ce qu’on apporte aux produits, par ce qu’on fait de différent par rapport aux autres concurrents, mais également par rapport à sa personnalité. Donc, les gens achètent aussi parce que c’est vous.

Mode de vie différent ?

Ah oui, complètement ! Je dis souvent que j’ai plus la grosse berline ! J’ai plus la grosse berline, mais j’arrive à prendre mon petit déjeuner le matin et ça, ça n’a pas de prix. Je suis beaucoup moins dépensière que par le passé, donc les choses les plus simples ont beaucoup plus de valeur pour moi.

Conserver ses valeurs

La patience, c’est aussi très, très important. Donc on n’a pas le succès tout de suite ou on n’est pas forcément rentable tout de suite, donc faut pas se laisser avoir par tout ce qu’on voit sur YouTube comme vidéos. Être riche en six mois, c’est pas possible ! Et pas perdre de vue ses valeurs, ce pour quoi on est en train de faire ce qu’on fait. Donc essayer de se rappeler très souvent le « pourquoi » du projet qu’on mène. Et puis, évidemment, essayer de vivre de son activité quand même. Ça aussi, c’est important. L’idée, c’est de pouvoir en vivre et conserver ses valeurs.